Dans les années 1990 et 2000, l’essor de l’économie immatérielle a été comparé à la révolution industrielle, voire aux effets de la révolution néolithique! Inversement, la crise économique qui paraît avoir frappé depuis 2008 les pays du monde entier semble accroître encore l’idée selon laquelle nous vivons un moment de bouleversement et de refondation du capitalisme. Les deux discours, apparemment opposés, sont, en fait, profondément liés l’un à l’autre.
Attendre pieusement la relance de la croissance ou critiquer les illusions de cette «nouvelle économie» pour en éviter les erreurs ponctuelles, cela permet d’oublier de poser la question de la nécessité du discours économique lui-même. Car c’est bien, d’abord, une affaire de discours, dont les conséquences sur les vies sont d’autant plus dommageables qu’elles apparaissent justement comme d’incontournables nécessités auxquelles seule une adaptation de tous les individus à chaque instant devrait répondre. Il faut donc proposer une critique de ce discours contemporain en le confrontant à son moment d’origine aux XVIIe-XVIIIesiècles.