Des Rosiers, Joël, Vétiver, Éditions Triptyque, t-poésie, 1999, 136 p. Prix : 25 $ ISBN : 978-2-89031-324-8 Grand prix du livre de Montréal Grand prix du Festival international de poésie de Trois-Rivières Prix du Gouverneur général du Canada, catégorie traduction (Hugh Hazelton, Signature Editions, Winnipeg, 2005) La botanique est à la frontière de l'oubli. Voici le corps sombre de la terre prise par l'herbe ramenée des Indes, au bord du fleuve sans âge. L'odeur de l'herbe se couche toute nue contre nos corps, ô jalouse. D'amour, les rhizomes prennent possession des îles. Éloge de l'herbe. Lorsque l'objet de l'énigme réapparaîtra, ce sera sous la forme de l'herbe mythique, lieu de toutes les possibilités lyrique: enfin sortira de terre l'herbe guérisseuse des nostalgies. La végétation aux mille racines songe... Le vétiver, vulnéraire universel, réputé incombustible, ignore la naissance et la mort. L'herbe originelle deviendra l'herbe fatale. Ambivalence admirable... car ses syllabes essentielles habitent les lèvres des voyants. Sans l'herbe, que feraient les poètes dans la lente ascension de l'écriture vers la voix? Ô parias qui répandez le parfum des parfums. il y eut trois gouttes de sang sur le sable elle sortit de sa courte extase l'enfant charnel était beau qu'elle eût aimé comme son propre fils au matin la maîtresse de maison lui rappela l'interdit s'en alla et disparut sous l'arcade les voix tombèrent sur son cerveau aussi doucement que la lumière il lui semblait que chaque langue ensevelissait l'autre elle s'abandonna comme à une drogue à la solitude et au silence there were three drops of blood on the sand she came out of her brief ecstasy the living child was handsome she would have liked him for her own in the morning the lady of the house reminded her it was forbidden she went off and disappeared beneath the archway voices fell upon her brain as softly as light it seemed to her that each tongue shrouded another she surrendered herself as if to a drug to the solitude and silence