[mythism]. Terre ne se meurt pas

La Chance, Michaël, [mythism]. Terre ne se meurt pas, Éditions Triptyque, t-poésie, 2009, 167 p.
Prix : 
25 $
ISBN : 
978-2-89031-661-4

Finaliste du Prix Alain-Grandbois décerné par l'Académie des lettres du Québec

Si nous ne pouvons pas changer le monde, changeons de monde. Cette formule donne la mesure du changement attendu: un changement écopoïétique de paradigme. Ce que nous appelons le monde dépend de la constitution du vécu, c’est pourquoi la poésie doit célébrer la multitude de nos connexions au monde naturel, mais elle ne saurait perdre de vue que ces aspects du monde prennent forme dans la pulsation de notre vie, dans la Terre en tant que forme de vie. Vue de l’espace, la Terre devient un détritus planétaire; néanmoins, en tant que fondement, archè-originaire de nos expériences et de la pensée, elle ne se meurt pas, elle reste condition de toute apparition de forme – mieux encore, elle reste l’inspiratrice à partir de laquelle un monde humain, et pas seulement humain, reste possible.

Avec [mytism], la ligne poétique descend ses colonnes (page de gauche) en regard de la prose et de ses méditations fragmentées. Par ailleurs, la transcription phonétique du titre insiste sur la sonorité étouffée de mutisme et met de l’avant le concept de mytisme, dans le voisinage écopoïétique – plutôt que mystique – de la Terre.

Mais tu ne veux pas rester sur place, attendre une plénitude inerte. Tu parles de la vie ailleurs, criblée, défaite en brins singuliers. Tu prends le détour parce que les détours nous font connaître la distance dans le proche, ils nous font connaître la mobilité dans l’être. Tes joies sauront desceller les rêves enfouis dans tes désirs, une déhiscence de tous les voiles.

Il y a un désarroi dans le bonheur. Nous le maîtrisons parfois, nous séparons alors ce qui donne le respir et ce qui le perd. Il faut connaître ce malaise pour sentir combien nous dépendons, dans notre façon de nous ressaisir nous-mêmes, d’un arsenal de garanties factices et de faux leviers.

À côtoyer les rejetés et les exclus, tu reconnais la Loi implacable à laquelle nous sommes soumis depuis longtemps. Le temps de nous côtoyer, tous que nous sommes, nous jouons notre conception de la vie à tout moment. C’est une carte que nous dessinons dans la paume d’une main.

[p.69]

« Combien j'ai apprécié la lecture du dernier titre de M. La Chance... Je suis, depuis quelques années, un lecteur attentif et passionné du travail littéraire de cet homme remarquable. Quelle force d'écriture, d'évocation poétique... Mais surtout cette lumineuse et sensible démonstration de l'exercice de penser, de sentir, d'être homme dans ce monde-ci. [Il s'agit d']un très grand texte humaniste, pour ne pas dire une œuvre, comme on en retrouve si rarement dans l'édition actuelle. »

— Laurent Borrego, Librairie Monet