Ma mère est une porte

Landry, Denise, Ma mère est une porte, Éditions Triptyque, Fonds (fiction), 2011, 110 p.
Prix : 
18 $
ISBN : 
978-2-89031-720-8

Voici l’histoire de Julien, un enfant anéanti par la violence de la fatalité. Déchiré par le départ de son père et l’angoisse de vivre avec une mère pareille à une porte fermée, le jeune narrateur décide pour ses dix-huit ans d’entreprendre une quête de vérité et part alors à la recherche de son père. Le jour de leur rendez-vous, le 11 septembre 2001, les attentats terroristes viennent anéantir les espoirs de Julien de retrouver son père vivant. Le choc émotif engendré par la vision d’horreur des tours effondrées l’oblige à constater la profondeur de l’empreinte laissée par le passé.

 

Ce récit touchant et bouleversant, ayant pour toile de fond les ruines du 11 septembre 2001, traite d’abord de l’indétermination de l’enfance et de l’archétype de la mère terrible.

 

[extrait]

S’il avait fallu que mon père soit là, mais qu’il ne me reconnaisse pas, j’aurais pété les plombs. Je n’ai plus l’âge des boules au fond de la gorge. Nous aurions eu une bonne explication. Avec les poings. Il aurait été obligé de me demander pardon. Sur-le-champ. Avant même de commencer à discuter. Ou de devenir deux « bons Jack ». C’est ce qu’il écrivait dans ses cartes de fête. Jointes à ses cadeaux emballés de remords. Je sais qu’avec des « si » on ne va pas à Paris. Mais je vous jure, s’il ne m’avait pas demandé pardon, spontanément, je l’aurais battu à mort. Et je m’en serais voulu. Comme je m’en suis voulu de ne pas être descendu ce soir-là. J’entendais pourtant les cris de folle de ma mère. Je faisais semblant de ne pas entendre, mais j’entendais. Je me doutais bien qu’il se passait des choses étranges en bas. Les insultes de ma mère rebondissaient partout. Comme des billes sur le carrelage de la cuisine. À son habitude, mon père devait les attraper au vol pour les enfouir dans ses poches. Qui devaient être lourdes à force de contenir autant de méchanceté.