Le désir monstrueux. Transgressions et métamorphoses dans les récits d'Anne Hébert

Beauchemin, Mélanie, Le désir monstrueux. Transgressions et métamorphoses dans les récits d'Anne Hébert, Éditions Nota bene, Fonds (littérature), 2016, 195 p.
Prix : 
27 $
ISBN : 
978-2-89741-026-1

Des Chambres de bois (1958) à Un habit de lumière (1999), les héroïnes d’Anne Hébert s’adonnent à une rêverie qui leur permet de plonger dans une autre vie. Elles explorent une révolte dont l’articulation passe par de la fièvre et des hallucinations. On assiste alors à une désorganisation, autant physique que psychique, centrée sur l’exploration de l’agressivité extrême, des interdits érotiques (inceste, adultère) et de la mort. Une telle révolte expose les femmes à une fantasmagorie sensuelle et blasphématoire, où peut émerger l’être surnaturel – qu’il soit sorcière, diable ou vampire.

Le présent essai dégage les signes avant-coureurs de la désorganisation et des visions, au confluent de l’enfance sauvage et de l’allégorie. Il soutient que la représentation diabolique succédant à l’agitation fiévreuse est au service de l’émancipation et des impulsions du corps. Cette analyse de l’intrication métamorphose/désir s’appuie sur les idées de Georges Bataille, en particulier celles répondant à la volonté de révéler une existence souveraine, dégagée des servitudes qu’impose le quotidien. La lecture des récits d’Anne Hébert amène à poser la question suivante : en quoi les transports érotiques constituent-ils une forme d’émancipation susceptible de rencontrer, par-delà la fièvre et le délire, une possible réalisation de soi ?