La place de l'ombre. Écriture et images, de Roland Barthes à Antonin Artaud

Décarie, Isabelle, La place de l'ombre. Écriture et images, de Roland Barthes à Antonin Artaud, Éditions Nota bene, Territoires philosophiques, 2013, 171 p.
Prix : 
40,00 $
ISBN : 
978-2-89518-469-0

 

Interrompre l’écriture fictive et écrire à partir d’une photographie. Dessiner dans les marges d’un cahier puis entrelacer les figures aux mots. Inventer des images pour créer autrement sa langue. Voilà autant de scènes qui sont retenues dans ce livre et reliées entre elles par la question de l’apparition des images chez certains écrivains et théoriciens.

La place de l’ombre s’intéresse à ces étonnants passages à l’art qui explorent ainsi une dimension renouvelée de l’acte d’écrire, de Roland Barthes qui se tourne vers la photographie pour parler de désir, d’Hervé Guibert qui raconte sa passion pour l’échec photographique, en passant par Georges Didi-Huberman et Annie Ernaux qui se mettent tous deux à la prise de vues. En interrogeant aussi la fragilité de Jean Genet, qui s’identifie aux statues d’Alberto Giacometti, et la troublante entreprise figurative d’Antonin Artaud, fasciné par l’écriture-peinture de Van Gogh, cet essai propose de penser l’image comme l’« autre » de l’écriture, comme l’ombre des mots.

Entre-temps, le lecteur attentif saura trouver quelques grains de poudre venus s’insinuer dans le filigrane du livre : délicats d’abord dans la représentation photographique de la mère de Barthes, vaporeux dans la reprise qu’en fera Guibert, liés ensuite à la cendre, à la peau chez Didi-Huberman et Ernaux, pulvérisés sur le sol de l’atelier de Giacometti, foudroyés, calcinés, enfin, sous la main d’Artaud.