Nous sommes épuisés et pour que nous puissions continuer, il faudrait que nous arrivions à ralentir. Mais le système de performance et de classement est en nous depuis tellement longtemps que seul un abandon de soi-même, une fuite qui défait la grammaire, peut nous y aider. Car c’est en traversant lentement toutes les étapes d’une «dégrammaticalisation», en déconstruisant la phrase morceau par morceau, qu’il nous sera possible d’occuper ce corps épuisé des finissants pour qui la vie s’écoule lentement, à la vitesse de la fatigue, chacun bougeant à peine plus que le précédent, dans une progression quasi imperceptible. Quel plaisir alors que celui de se lamenter quand la paresse n’est plus qu’un épuisement général de nos possibilités… Il ne nous reste alors qu’à nous reposer. Les élèves-narrateurs d’Album de finissants ont choisi cette voie et nous servent des récits «dégrammaticalisés» tout à fait originaux. Un livre étonnant.
Dix ans après la sortie d’Album de finissants de Mathieu Arsenault, qui sera d’ailleurs adapté au théâtre à la salle Denise-Pelletier du 12 au 22 mars 2014, les Éditions Triptyque proposent une réédition en format de poche.
« Son récit en fragments est un livre parlant, comme si vous mettiez la main sur un album de finissants qui n’est pas le vôtre, tout en ressemblant beaucoup au vôtre, inévitablement, et qu’en le feuilletant, vous entendiez penser les élèves. »
– Marie-Hélène Poitras, Voir.
« Album de finissants, la première oeuvre de fiction de Mathieu Arsenault, exprime sur un ton moderne et nerveux le désarroi des élèves du secondaire. […] Expérimentateur formel, il s'enivre de mots et hypnotise le lecteur avec une écriture presque hallucinatoire. »
– Suzanne Giguère, Le Devoir.